association internationale pour une politique industrielle des technologies de l'esprit
2.a - En finir avec les problèmes mal posés :
Cette question est au fondement de TOUT !!! Tout problème, s'il est mal posé, le sera toujours aussi mal.C'est-à-dire que quand d'autres populations menacées dans leurs dignité la plus élémentaire et privées de nourriture et d'eau demanderont,et ce sera LEGITIME, de partager le pain, la réponse suggérée jusque là : "Chacun chez soi en Europe" n'est pas la réponse appropriée.
Pas plus d'ailleurs que les réponses visant à distinguer des types de population, les chronologies de leur migration etc...(Ne se préoccuper que de ce que je nommerais "l'arborescence opérationnelle" ne suffit pas, il faut soigner le tronc à sa base car L'ARBRE EST EN TRAIN DE POURRIR)...
2.b - Se préparer "au" "penser les questions autrement"... :
Nous devons trouver de nouvelles réponses aux nouvelles questions posées par les migrations massives qui sont, de toutes façons, INEXORABLES.Nous pouvons choisir la peur et ses vieux réflexes, construire des murs autour de l'Europe... ou nous pouvons choisir de faire face à ces nouvelles questions et nous donner les moyens de nous y préparer...Nous vivons une époque de CHANGEMENT RADICAL qui s'opérera A NOTRE INSU / CORPS DEFENDANT ou EN TOUTE CONSCIENCE.PENSER la question, c'est peut-être déjà penser une "logistique mondiale" pour trouver des solutions adaptées aux conséquences des événements traversant le Monde... - Quand les sinistrés du Pakistan et de tous les autres pays arriveront, il faudra avoir 'inventé' des manières de les accueillir car... ils ne pourront pas faire autrement, ils seront à la recherche DU PAIN QUOTIDIEN comme nous le serions à leur place-Il faut donc changer les MENTALITES et permettre à cette CONSCIENCE fondamentale d'émerger pour enfin, re-positionner l'Humain comme CENTRE INCONTOURNABLE de toute société digne de ce nom...
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Réponse
Chère Mitchelee,
Avec ces reconduites aux frontières intra-européennes, nous sommes devant un cas particulier car il concerne une population distinctive : les Roms.
Pourtant, il nous faut aller au-delà de l’émoi bien légitime soulevé par cette question. Au-delà également de la sainte colère que vous éprouvez à l’endroit d’un Etat dont vous semblez soupçonner, peut-être à juste titre, une dérive totalitaire (ce qui mériterait d’être examiné dans le détail). Nous devons regarder aussi bien au delà de ce qu’une presse manipulatrice, avide d’éclats au cœur d’un mois d’août stérile en informations croustillantes, tente de nous vendre de scandales tout faits et prêts à consommer. Eh oui, là aussi la logique consumériste s'applique dans toute sa rigueur.
Je respecte et je comprends infiniment votre ire et votre réaction fondées sur les nobles sentiments qui vous animent. Mais je désire aller un peu plus loin si vous me l’autorisez.
Qu’il me soit donc permis de faire entendre une voix discordante dans le choeur des hauts cris qui peuplent l’espace sonore depuis quelques temps.
Jusqu’au début de l’été, le peuple Rom ne posait pas plus de problèmes à notre nation française dans son ensemble que les autres minorités vivant sur notre sol. Sans doute en raison de leur nombre relativement peu élevé. Mais sûrement aussi parce qu’ils vivent dans ce que l’on appelle des « camps » s’apparentant, pour certains, à des bidonvilles extrêmement insalubres, parfois érigés en ville, parfois en périphérie.
Ce faisant, ils vivent en marge de la société. Marginalisation voulue ou subie je l’ignore.
Néanmoins, j’ai pu constater une chose. Je vis dans une région où les ressortissants de cette population viennent en nombre depuis l’Alsace voisine pour pratiquer la mendicité et se procurer de quoi subvenir quotidiennement à leurs besoins fondamentaux, offrant de menus services (lavage de pare-brise, vente de fleurs…). Néanmoins, me rendant dans les hypermarchés du coin, ou ceux que je fréquente sur mes lieux de vacances, je ne me rappelle pas y avoir vu des Roms acheter un écran plat, un ordinateur, un véhicule neuf ou tout simplement remplir un caddie.
J’ignore si à partir de ce simple constat on peut tirer une généralité, mais il semblerait que les Roms ne consomment pas, ou assez peu. Ce faisant, ils ne sont pas intégrés à cette société de consommation. Dès lors, on peut supposer qu’ils sont imperméables au chant des sirènes de la publicité. Situation accentuée par un mode de vie original, d’une grande précarité et porté sur le nomadisme. De même, ils ne fréquentent pas les bureaux de vote, les isoloirs. Ils n’ont pas, à ma connaissance de représentant élu, alors que d’autres minorités en possèdent maintenant. Seuls quelques bénévoles ou des religieux leur viennent en aide. En conclusion, ils ne pèsent d’aucun poids dans les décisions prises par l'Etat.
Leur condition est donc du pain béni pour un gouvernement qui voit les statistiques des violences faites aux personnes exploser littéralement et qui tient tout particulièrement à montrer ses biceps en matière de sécurité… en prévision des prochaines échéances électorales évidemment. Alors oui, pour assurer la paix sociale, ou en donner l'illusion, cette idéologie sécuritaire qui demeure l’émanation d’un pouvoir se souhaitant fort, tout puissant, omniprésent et infaillible, ne recule devant aucune outrance. Je reconnais que ça a de quoi effrayer.
Pour autant, à la décharge de l’Etat, le gouvernement et les différentes administrations font leur travail en respectant les règles de droit. Heureusement d’ailleurs. Car ce serait insupportable et terriblement inquiétant pour tous les citoyens.
Ainsi, les Roms reconduits à la frontière le sont-ils au terme de décisions prises par l’administration préfectorale avec toutes les voies de recours que cela suppose. Notamment pour ceux qui sont concernés par des procédures de reconduite établies au terme d’enquêtes diligentées lors de la constatation de faits délictueux tels la mendicité agressive et/ou organisée (le "patron" des mendiants est concerné), existence au dépend exclusif des organismes sociaux (très difficile à établir).
Néanmoins, le volontariat au retour semble être de mise pour la majorité d’entre eux. Ceux qui le souhaitent bénéficient d’un pécule (rente variable en fonction de la nationalité) de 300 euros par personne et d’un billet d’avion. Et surtout, aucun d’entre eux ne fait l’objet d’une interdiction de revenir en France.
Il ne faut pas perdre de vue également que les Roms qui repartent vont retrouver leur pays d’origine. Pays qu’il pourront quitter aussi rapidement qu’ils le souhaiteront pour revenir en France. A tout point de vue, nous sommes loin d’une déportation.
Et là, j’en viens à des mots prononcés par certains politiques, toutes tendances confondues, et relayés avec délectation par la presse. J’ai pu constater que des mots et expressions terribles (déportation, rafles rappelant la guerre, etc…) loin de toute retenue utilisés comme symboles très forts, l'ont été à seule fin de faire naître une forte émotion dans le public. Trouble utilisé pour manipuler les foules.
Ces termes qui évoquent un passé affreux et tellement douloureux, se retrouvent dénaturés en raison du contexte dans lequel ils ont été employés et de la charge symbolique qu'ils contiennent. En effet, à les utiliser uniquement à ce que je suppose être des fins manipulatrices, ils perdent de leur force. Et cette mémoire des faits ignobles qui ont eu lieu en Allemagne d’abord et dans toute l’Europe ensuite, et que nous désirons tous garder à l’esprit, ne peut qu’en être affectée. En effet, même si je n’apprécie pas du tout ce gouvernement, pas plus que je n’ai estimé les précédent, et sans doute ne goûterai ceux qui suivront, même s’il joue de populisme, même s’il flagorne nos bas instinct pour légitimer son action, il n’est aucunement l’émanation d’une dictature. Il n’est nullement dirigé par les disciples de Pétain, Laval ou Darnand.
Chère Mitchelee, je ne tiens pas à endiguer le flot de votre colère, car vous avez raison de manifester votre mécontentement à propos d’un combat que vous avez choisi (à moins que ce ne soit lui qui vous aie choisie, ça arrive parfois). J’en ai personnellement adopté un autre. Je voulais juste étayer vos propos en tentant une petite analyse de la situation. Et montrer à quel point ses multiples aspects, étroitement intriqués et liés entre eux, peuvent revêtir de complexité.
Quoiqu’il en soit, je ne crois pas que vous puissiez compter sur un politique pour relayer votre engagement. Les nobles causes ne sont l’apanage de l’adroit parleur qu’en période électorale.
Bien à vous.
dpastor
Les journalistes ne croient pas les mensonges des hommes politiques, mais ils les répètent, c'est pire.
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