association internationale pour une politique industrielle des technologies de l'esprit
Dragon.
Feu.
Drogue. Dangereux.
Sur la rive, agenouillé, en bas de la falaise.
Écaille, griffe, Dragon drogue dure.
Tout en œil. Immobile. Au repos.
Toutes images traversent l'éclair doré de la pupille.
Un ciel criblé d'étoiles au dessus de la montagne de glace, telle est la rétine du Dragon où toutes images viennent à la conscience.
L'œil est un sourire, qui définitivement boit tout, dit oui à tout, au meilleur et au pire, verse en tout l'enthousiasme infini.
Le Dragon est le sourire.
Immobile.
Au milieu des rochers immenses, entre la mer et la falaise haute.
La mer est basse, le Dragon semble de pierre au milieu des colonnes de pierre qui ont résisté à l'avancée des marées, œuvres de la lune.
Dans son corps, son cœur est plus chaud qu'une coulée de lave.
Tu contemples son grand corps dans la lumière de la lune. Son vol est rapide, il est déjà partout. Pourquoi veux-tu le chevaucher ?
Entre ses ailes magnifiques, repliées, son dos fait pour toi une place.
Pourquoi veux-tu le chevaucher ?
S'assoir là, pour le vol. En volonté.
Et toute volonté est du Dragon volonté.
Pourquoi veux-tu le chevaucher ?
Alors, ce qui était dans l'âme s'étend sur toute la surface de la Terre.
Tandis que le corps du cavalier, brulé, tombe en poussière.
Ses cendres sont dispersées aux vents des missions, des conquêtes, des annonces.
Aux vents de tous les voyages nécessaires pour semer la chair d'un monde dans l'humus des mondes antérieurs.
Le corps du mortel se défait entre les ailes du Dragon.
Les mondes, l'un après l'autre, se forment et se défont dans le sourire du Dragon.
Pour quoi veux-tu le chevaucher ?
…
Je suis le Dragon. J'habite le cœur de chaque dieu et j'habite le cœur de chaque humain. Nul autre que moi ne peut fondre l'orichalque et lui donner la forme du rêve du dieu.
Des rêves de chaque homme je fais une matière qu'il rencontre un jour, quand son rêve est oublié. De tout ce dont il veut se faire le maître, je distille lentement une intelligence. Seul celui qui veut se faire le maître de lui-même peut m'approcher.
Depuis des milliers d'années, je vois les hommes apprendre, peu à peu, qu'on ne devient jamais le maître, que de ce que l'on aime. Et que l'on n'aime jamais que ce dont on se fait, corps et âme, le serviteur. Je vois cela comme je vois la Terre et d'autres mondes faire des rondes autour du soleil. Rien n'est tiède dans l'œil du Dragon.
Je suis le Dragon. Je suis le serviteur de l'Univers entier.
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Carnaval de Québec, février 2011.
Sous la sculpture de neige, une plaque présente l'œuvre :
« DRAGON
Il crée le monde.
Il consacre le héros.
Il est le mal.
Il rythme les saisons.
Il incarne le pouvoir.
Il effraie et protège.
Il garde le trésor. »
Voyant cela je pense, promeneur surpris par sa pensée: « n'est-ce pas là une évocation de tout ce qui peut être pharmakon ? » Il me faut sans tarder lire cette œuvre de neige, puis écrire ma lecture pour quelques amis, qui se choisiront.
Merci M. Didion
Les portes de ce poème s'ouvrent avec la légèreté d'un haïku. Il se fait prose et pose la fin du rêve sur des lignes plus... prosaïques.
Saga nordique, pleine de combats épiques, pleine d'images de plaines aux terres gelées, aux sons emprisonnés. Mais bruissante d'ailes qui battent : celles d'un être mythique qui fend l'air immobile... Même de pierre, même de verre, le dragon vit sous votre plume comme il vit sous la glace. Son coeur cogne, le feu irrigue ses artères, son oeil est clair.
L' oeuvre est loin d'être achevé...
Merci Monsieur DIDION, vous venez de me régaler et je n'ai qu'un regret, la brièveté d'un texte qu'il m'eut été plaisant de lire jusqu'au bout de la nuit.
dpastor
Les journalistes ne croient pas les mensonges des hommes politiques, mais ils les répètent, c'est pire.
COLUCHE
Cher Monsieur Didion
J'ai bien reçu le mot que vous m'avez fait parvenir. J'en ai pris connaissance avec beaucoup de plaisir. Las, une fausse manoeuvre a effacé définitivement votre libelle. Je vais donc tenter de répondre en m'appuyant sur ce qui persiste de vos mots dans ma mémoire...
Pour ce qui concerne la philosophie et les cours de Monsieur Bernard Stiegler, je m'y suis essayé mais mon matériel informatique sans être tout à fait obsolète demeure néanmoins relativement dépassé. Ma connexion est à l'avenant et l'entreprise relevait plus du pensum que du plaisir d'apprendre...
Bonne nouvelle cependant, je viens de me moderniser et les vidéos de Monsieur Stiegler me seront désormais beaucoup plus accessibles.
Pour ce qui est de la philosophie, je m'essaie à la lecture de John Rawls. J'ai en effet assisté à deux conférences passionnantes sur l'utilitarisme et le libéralisme (of course) et je me suis procuré l'ouvrage car je n'ai pas voulu perdre ce qui m'avait été enseigné.
Quant à vos écrits, vous me semblez réellement doté d'une fort jolie plume. Avez vous publié quelque ouvrage ou texte plaisant que je pourrais découvrir avec délice ?
Je vous souhaite une très bonne soirée...
dpastor
Les journalistes ne croient pas les mensonges des hommes politiques, mais ils les répètent, c'est pire.
COLUCHE
Si les poètes étaient moins bêtes
http://clg-rostand-85.ac-nantes.fr/IMG/pdf/si_les_poetes.pdf ...
Je m'en suis toujours tenu au conseil que j'ai cru lire dans ce texte de Boris Vian, que j'ai lu tout petit.
Amicalement,
Francis.