Vidéo des débats au Théâtre de La Colline du 15 novembre 2008 avec - dans l'ordre de leurs interventions - Bernard Stiegler, Guillaume Vergne, Julien Gautier et Jean-Hugues Barthélémy. Vous pouvez également écouter les débats en format
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Nous disions pour introduire une séance précédente (le 12 mai 2007) que les établissements d’enseignements « s’effondrent les uns après les autres ». C’est maintenant vrai des établissements bancaires, et il n’y a là aucun hasard : il s’agit d’une crise systémique où le système éducatif est détruit par une organisation industrielle consumériste caduque. Celle-ci repose sur la destruction de l’attention, et à cet égard, sur l’installation d’une sorte de bêtise systémique – qui anéantit désormais les puissances publiques et les puissances privées.
Dépression, c’est à dire crise bancaire, crise économique, crise politique, crise spirituelle et crise de l’éducation sont étroitement liées. Et pas plus que l’on ne peut séparer l’avenir de l’audiovisuel public de la place que l’on accorde à l’audiovisuel privé (ce sera un thème de la rencontre du 6 décembre prochain), on ne peut séparer l’avenir des institutions de programmes de celui des industries de programmes.
Tous finalement l’accordent : la crise que traverse la planète est la preuve qu’une autre organisation sociale doit être inventée et mise en œuvre. Dans cette nouvelle société industrielle, l’éducation sera l’élément clé, et avec elle, la reconstitution de l’attention devra être pensée en relation intime avec la place et le devenir des médias.
C’est à projeter cette perspective que sera consacrée la séance du 15 novembre qui accueillera au Théâtre de la Colline Julien Gautier et Guillaume Vergne, fondateurs et animateurs du site skhole.fr, puis Jean-Hugues Barthelemy, membre du conseil d’administration d’Ars Industrialis. Tous trois enseignent la philosophie. Bernard Stiegler présentera la séance.
Réenchanter l’école - Julien Gautier et Guillaume Vergne, de skhole.fr
L’institution scolaire et ses principaux acteurs souffrent aujourd’hui d’une sorte d’état de « dépression » collective, qui se manifeste aussi bien par l’indifférence des élèves que par la mélancolie d’un grand nombre d’enseignants : là où l’on attendrait l’entrain du désir d’apprendre – et d’enseigner -, règne souvent de part et d’autre une démotivation plaintive. Nous tenterons de montrer pourquoi l’école d’aujourd’hui souffre ainsi, et peine tant à mobiliser ses acteurs, n’étant pas encore parvenue à redéfinir son sens et ses pratiques dans le contexte nouveau d’un monde massivement déterminé par les « industries de programmes » et le marketing. Or, l’école peut et doit justement être le lieu où le désir humain est cultivé et par « élevé » au contact des objets du savoir, au lieu d’être exploité en tant que simple pulsion consommatrice : pour « réenchanter le monde », il faut d’abord « réenchanter l’école ». Cet impératif nous amènera à défendre quelques propositions et principes en vue d’une réforme profonde de l’institution et de ses pratiques.
Propositions pour une réforme de l’enseignement – Jean-Hugues Barthélémy
Un faux débat s’est installé en France à propos de l’école, entre ceux qui dénoncent la « baisse du niveau du Baccalauréat » et ceux qui se félicitent que « le niveau moyen de qualification monte ». Nous nous écarterons de cette impasse en dégageant le problème bien plus réel auquel est aujourd’hui confrontée l’école en tant qu’ « institution de programmes » (Stiegler) ayant à poursuivre sa tâche d’élévation à l’âge des industries culturelles ou « industries de programmes », dont les valeurs psycho-socialement destructrices mais aussi les technologies avancées décridibilisent l’enseignant aux yeux de ses élèves. En découleront des propositions de bon sens quant à une réforme profonde des programmes scolaires, de l’Ecole primaire jusqu’au Supérieur.