association internationale pour une politique industrielle des technologies de l'esprit
Bien souvent, on ne voit pas la misère qui règne autour de soi. On ne l’imagine pas. On ne la pense pas. On sent bien que quelque chose ne tourne pas rond, qu’une aigreur acide et corrosive s’échappe ici et là pour tenter de dissoudre un je-ne-sais-quoi d’insupportable. Ce n’est pas de cela dont je veux parler, mais bien de quelque chose qui ne se sent pas. La misère par exemple. Il y a bien différentes sortes de misères, deux principales : physique et métaphysique. Mais celles-ci ne sont que les deux aspects d’une seule misère, la misère symbolique. Elle ne sent, ni ne se pense. A la place de ce défaut de pensé, nous avons des préjugées issus de présupposés tenaces : ils sont pauvres et nous sommes riches ; ou inversement, pourquoi pas, tout dépend de la façon dont on se sert du présupposé. Cette misère symbolique, ne peut donc ni se sentir, ni se penser ; en revanche elle peut se rencontrer, par hasard, d’un seul coup, comme on fait une mauvaise rencontre. Quelle est-elle alors ? Est-ce qu’on peut la ramener dans le champ ontologique et la caractériser à l’aide des feux puissants de la pensée rationnelle ? Non, bien sûr, se serait en faire une chose évaluable, un nouvel objet de croisades… La misère symbolique n’est pas une maladie ! Est-ce cela alors la misère symbolique que l’on ne puisse pas dire ce que c’est ? Non plus. Elle n’entre pas dans une définition positive. Cherchons-la dans le négatif. Cherchons-la non pas dans l’existence mais dans la consistance. C’est là que nous la rencontrerons. Je parlais d’une mauvaise rencontre ; oui et non, ce n’est pas si simple, c’est paradoxal, car aussitôt rencontré, le mauvais cesse. La question devient alors : comment faire une rencontre ? (qu’elle soit bonne ou mauvaise, peu importe !), Et comment faire pour que cette rencontre reste une rencontre, se prolonge dans la rencontre, qu’elle ne soit pas juste un point d’intersection entre deux lignes de vie ? Il n’y a rien à faire, il n’y a pas de méthode. Le symbole réside dans la l’union de deux parties non préalablement destinées à se réunir. Il faut d'abord la rencontre, sans quoi on ne voit pas le problème.