Ecole et société de la connaissance

27 novembre 2010, de 14h à 17 heures

La Colline, 14 rue Malte Brun, Paris 20° (métro Gambetta)

avec Christian Laval, Philippe Meirieu, Denis Kambouchner; séance coorganisée par skhole.fr

 
 
Seront abordés dans cette séance les enjeux de l'introduction des "nouvelles technologies" dans les systèmes scolaires, d'un point de vue que nous aimons appeler "pharmacologique", sensible tout à la fois aux menaces et aux chances portées par ces évolutions.

Nous posons en effet que les technologies numériques sont des "hypomnemata" au sens où Michel Foucault a pu en étudier le devenir de la période hellénistique jusqu’aux débuts de la chrétienté, et que ces nouveaux supports constituent en large part les savoirs contemporains tout comme l’écriture fut la condition de possibilité des savoirs critiques et rationnels issus de la civilisation grecque. Nous posons en même temps que le capitalisme contemporain est fondé de façon essentielle sur un contrôle et une appropriation des connaissances traitées comme informations qui détruit les savoirs eux-mêmes en imposant aux conditions de la socialisation de ces technologies son hégémonie culturelle au service exclusif d’un modèle de plus en plus manifestement irrationnel. 

Dans un entretien publié sur skhole.fr, et auxquels avaient participé P. Meirieu, D. Kambouchner et B. Stiegler, nous écrivions :

"On entend beaucoup parler d’ "économie de la connaissance". Devenir la première d’entre elles, tel est le but explicite de l’Union Européenne depuis la fameuse « stratégie de Lisbonne ».  Il s’agirait de bâtir avant tout une économie fondée sur la « valeur ajoutée » de « l’intelligence », seule organisation à même de préserver notre « modèle social » face à la concurrence mondialisée. D’où un discours enthousiaste nous promettant un Eldorado numérique.
Or il nous semble que les mutations en cours sont en réalité profondément ambivalentes et encore largement indéterminées. Economie de la connaissance ne rime pas nécessairement avec développement de la culture, mais aussi bien, et peut-être d'abord, pour le moment, avec prolétarisation des esprits."

Nous aimerions repartir de cette analyse critique, qui devrait être utilement complétée par les points de vue de Christian Laval à propos des politiques éducatives de l'UE, mais aussi chercher à préciser les moyens pour faire des nouvelles technologies de l’information et du numérique des instruments de formation scolaire et de développement de la culture, et non pas d'abord d'adaptation passive à des exigences économiques. En termes pharmacologiques : L'école pourrait-elle convertir ces poisons en remèdes, et comment?