Mnémotechnique (Hypomnéemata)

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Mnémotechnique (Hypomnemata)

Littéralement le terme hypomnémata désigne les aides-mémoire, les supports technique de la mémoire et/ou les techniques de mémoire.
 
Relier la technique et le temps demande en premier lieu de repenser la question de la mémoire. Toute technique, en tant qu’elle est aussi un geste (Leroi-Gourhan), comporte une dimension mnémotechnique : lorsque je manie une pelle, je participe de la couche mnémotechnique qui fait des choses, les choses d’un monde. Depuis quatre millions d'années, le développement de l'esprit humain a pour condition une extériorisation de la mémoire, c'est-à-dire la fabrication d'objets qui gardent en eux-mêmes les gestes dont ils résultent. C’est seulement au néolithique qu’apparaît un sous-système mnémotechnique, l'écriture, qui est une technique spécifiquement vouée à la conservation de la mémoire. Depuis le XIXe siècle, les mnémotechnologies (photographie et phonographie, cinéma) ont apparues, qui sont devenues au XXe siècle (avec la radio et la télévision) des supports essentiels de la vie industrielle. Mais à partir du XXIe siècle, avec les mnémotechnologies numériques, les hypomnémata sont devenu la fonction primordiale des sociétés hyperindustrielles.
 
Hypomnemata et écriture de soi. Michel Foucault montre que ces supports de mémoire que sont les hypomnemata sont la condition de l’écriture de soi 1 qu’il analyse notamment à travers le discours de Sénèque sur l’écriture et la lecture, et constituent plus généralement les éléments des techniques de soi et de la tekhnè tou biou de l’Antiquité. Sans hypomnemata, l’attention profonde que les techniques de soi tentent de conquérir se disperserait dans la vanité d’un temps inconsistant :
 
 L’écriture des hypomnemata s’oppose à cet éparpillement en fixant des éléments acquis et en constituant en quelque sorte “du passé’’, vers lequel il est toujours possible de faire retour et retraite2.
 
1 « Les hypomnemata, au sens technique, pouvait être des livres de compte, des registres publics, des carnets individuels servant d’aide-mémoire»  (Foucault, « L’écriture de soi » (1983), Dits et écrits, t.2, p. 1237)
 
2 Ibid. p.1239