Le milliardaire gentil et le trader trahi (subprimes et déprime)
Publié par aferro le 29 Janvier, 2008 - 22:44
Soir du 29 janvier.
Je rentre à la maison après être allé voir-écouter au MEDEF celui que Laurence Parisot a nommé cet après-midi "THE" entrepreneur des siècles (20e et 21e) : BILL GATES !
Je sors de cette rencontre avec le meilleur commercial du monde avec une idée d'un nouveau capitalisme version l'homme-le-plus-riche-du-monde : tout droit sorti des rêves de réenchantement du monde de la dynastie Medef, voilà le "Capitalisme Créatif" TM.
C'est quoi le Capitalisme Créatif ' Un capitalisme qui est sensible au fait que les technologies et le "confort" amené par celles-ci ont comme premiers bénéficiaires les tiers qui a déjà trop et qui deviens fou avec !
Maintenant, dixit Bill, c'est aux pauvres d'en profiter.
Il faut donner cette magnifique technologie microsoftienne, qui nous a si bien réussi, aux pauvres (et des médicaments contre la malaria aussi, en passant) !
J'adore cette simplicité toute américaine de comprendre les choses du monde. Ai-je à faire à un crétin ' Décidément non !, vu que c'est l'homme le plus riche du monde qui le dit et que donc doit savoir, lui, comment ça marche le monde (vue ma situation financière en l'année de mes 50 ans, c'est moi qui ne comprends rien).
Arrivé au top de la pyramide des besoins de Maslow, Bill Gates a décidé de se consacrer tout entier à sa fondation. C'est simple un américain. Parfois c'est touchant, parfois c'est dangereux.
Heureusement pour nous, certains sont encore capables de générosité même sans devenir milliardaires, me rappelant que cette pyramide de besoins Maslow l'a construite en interviewant ses copains cadres dans des grandes entreprises américaines.
Quelques heures plus tard, encore sous le charme frissonant d'horreur d'un film publicitaire Microsoft, passé juste après l'intervention du Capitaliste Créatif, où dans un monde de folie tout droit sorti de "Le diable s'habille en Prada", tout le monde réussit dans les tâches impossibles affecté par "le diable", car parfaitement connecté à Office Exchange (voir le film ici, brrrr !) me voilà immergé dans la déprimante lecture de la misère morale des traders.
Une lecture de l'ambition minable, de la revanche à prendre, du fonctionnement pervers d'un système autodestructeur de lui-même et destructeur du monde, fournie par la récupération par Le Monde des procès-verbaux d'interrogatoire de notre trader national : Jérôme Kerviel.
Ahhhh, les belles phrases dignes d'anthologie de la culture de la post-modernité vidée de tout sens :
"Les allers-retours génèrent beaucoup de cash. Au 31 décembre 2007,mon matelas est monté à 1,4 milliard d'euros toujours pas déclarés à labanque. A ce stade, je suis dépassé par l'évènement et ne sais commentle présenter à la banque, cela représente un cash non déclaré de 1,4milliard d'euros, hors personne n'a jamais réalisé ce chiffre quireprésente 50 % du total du résultat de la branche action indices de laSociété générale. Je ne sais comment le gérer, je suis content, fier demoi, mais ne sais comment le justifier. Donc j'ai décidé de ne pasdéclarer à la banque et pour occulter cette somme, passer une opérationfictive inverse. En passant plusieurs opérations fictives quiapparaissent perdantes à hauteur de 1,4 milliard d'euros."
J'aime cette phrase à résultat zéro, à la manipulation et contremanipulation s'annulant réciproquement. Vertige du virtuel. Tout ça pour ça ! Elle est emblématique du capitalisme financier : la culture du vide. Le jeux sur du rien, la drogue de l'immatériel.
Mais à la différence du jeux virtuel, ici le Gnome Bleu et le Dragon Rose doivent un jour "débloquer les positions". En avant (ou en arrière) toute ! Du virtuel au réel, la chute est parfois dure : 4,9 milliards d'euros.
Mais c'est quoi 4,9 milliards d'euros ' Ça remplit ou pas le dépôt de l'oncle Picsous ' Ça fait combien de millions d'années de Smic '
Ça cache ou cache pas la perte parallèle liée à crise de subprimes '
Aspirina, prego* ! Je déprime !
Adrien Ferro
* De l'aspirine, svp !