"J'ai rêvé d'un monde de soleil dans la fraternité de mes frères aux yeux bleus."

[ Léopold Sedar Senghor ]

Suite au fameux débat sur l'identité nationale....

Au cœur des préoccupations en Corse, la réalisation d'actions culturelles et historiques est une volonté de plus en plus présente.

On remarque à la création d'une nouvelle association corse*, le besoin de mettre en avant la "quête" identitaire et historique, preuve d'une forte revendication.

Faut-il y voir un repli égoïste et frileux sur le passé ? S'agit-il d'une affirmation identitaire née de la crainte de se voir englouti par une culture dominante, un peuple qui cherche dans le monde un écho à sa propre angoisse et sa propre expérience ?

Je penche plutôt pour la seconde hypothèse, que tend à étayer la citation de l'écrivain tchèque Milan Kundera, selon qui "pour liquider les peuples, on commence par leur enlever la mémoire, puis on invente une autre culture, une autre histoire".

Vue sous cet angle, la culture corse est proche de celle des Indiens natifs américains. On retrouve chez eux le même désir et la même tentative (utopique, désespérée?) de "sauver" le passé pour sauvegarder une identité, et d'en assurer continuité et développement.

Par conséquent, un rapprochement tout naturel, qui explique l'intérêt réciproque de cultures géographiquement si éloignées.

Les Navajos ont déjà commencé ce travail de mémoire, mais le laminage subit, rend presque aussi mince leur histoire que celle des Etats-Unis. Ils en sont réduits à piocher des infos dans des romans contemporains de Tony HILLERMAN*.

Comment du coup, ne pas citer le terme si souvent employé à notre sujet dans certains magazines, " réserve d'indiens ".

La société française n'est-elle pas génératrice de "réserves", créant des zones, ici des parcs de loisirs ou des sanctuaires marins, voire des friches agricoles ou industrielles, et même des "zones" de non-droit ?

Comme on dit populairement, la neige a appris à tomber là où se trouvent les stations de ski ! La neige, dans notre société moderne est devenue intelligente ; c'est du moins ce qu'il en restera dans l'esprit des générations futures si l'on ne soucie plus du "quand et du pourquoi".

Je ne parle même pas du "comment" ? (rires)

Allons-nous devenir avec quelques "peuplades" d'irascibles, des peuples à forte valeur identitaire, paradis pour ethnologues, et citadins en mal d'authenticité, paradis de touristes, eux, à forte valeur ajoutée...

"Indiens", ce mot seul évoque mon enfance, mes souvenirs ressurgissent, les films, les jeux.

Même dans notre société " pokemon " quand on dit à un enfant aujourd'hui le mot "Indien", son imaginaire se met en marche.

Alors oui, je suis un Navajo, mais un Navajo qui vit en Corse...

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* Lire le Journal Officiel et les "objets" des statuts de chaque nouvelle association et d'Isula Viva.

* Auteur américain ayant vécu et étudié dans la réserve du peuple Navajo